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Risques et périls

Pourquoi écrire ce texte ?

Il n’est pas nouveau que de nombreux risques, crises ou périls planent au-dessus du monde. Entre les risques climatiques liés au “dérèglement” de plus en plus rapide, l’appauvrissement des écosystèmes ou encore les tensions géopolitiques mondiales, il semble plutôt normal de se demander ce qui va arriver et ce que cela va engendrer dans un futur plus ou moins proche. De ces questionnements naissent différents courants de pensée ou approches qui ne sont pas toujours aisés à appréhender dans leur entièreté ni dans leurs nuances. Nous remarquons notamment que l’approche adoptée au Mallouestan fait souvent l’objet de méprise. En effet, il n’est pas rare qu’en tant qu’écolieu anti-tech, écocentriste et antilibéral, le Mallouestan soit qualifié de lieu survivaliste ou collapsologue.

Le premier terme est souvent employé pour décrire une approche qui se voudrait individualiste dans une recherche de survie à une catastrophe éventuelle ou à un cataclysme probable. Bien que cette définition ne soit pas représentative de tous les courants du survivalisme, cette compréhension hégémonique [qui est la plus commune, la plus répandue] ne représente pas l’approche que nous développons au Mallouestan.

Ensuite, le second terme, relatif à la collapsologie, est souvent employé dans une compréhension étriquée de cette dernière, qui se résumerait en une croyance dans l’inéluctabilité d’un effondrement global et systémique des civilisations. Une nouvelle fois, nous ne nous reconnaissons pas dans cette vision car, si nous n’excluons pas la potentialité d’un effondrement global civilisationnel, nous ne pensons pas que ce risque soit le plus probable actuellement.

Nous considérons que de nombreux autres risques ont plus de chances d’arriver et nous souhaitons les anticiper au mieux en restant le plus possible dans une démarche solidaire qui ne se restreint pas à l’enceinte du Mallouestan. Ce texte vise donc à éclaircir notre vision des risques à venir et notre position vis-à-vis d’eux.

De plus, nous considérons qu’en étayant notre vision des risques et périls à venir, nous faciliterons la compréhension du fonctionnement du Mallouestan, de ses conditions matérielles et des décisions qui y sont prises.

De quels risques et périls parlons-nous ?

Les risques et périls sont les dangers éventuels plus ou moins prévisibles pouvant nuire à l’existence d’individus (humains et non humains). Selon nous, les risques qui planent au-dessus du monde actuellement concernent majoritairement cinq secteurs.

Tout d’abord, de nombreuses études dénoncent depuis un long moment déjà l’état critique de nos ressources en énergie ainsi que l’insoutenabilité de leur niveau d’utilisation. En effet, les stocks d’énergies fossiles, dont les sociétés modernes dépendent encore en grande partie, sont quasiment épuisés 1. Bien que de nouvelles technologies permettent de trouver ici et là de nouveaux gisements, ces derniers sont toujours plus profonds et difficiles d’accès et nécessitent toujours plus de ressources pour être exploités. De leur côté, les énergies renouvelables sont un mirage réduisant l’idée de transition écologique au mieux à une belle blague. En effet, la quantité de ressources nécessaires à leur installation ou encore la faiblesse de leur rendement ne nous permettent pas de penser qu’il sera possible de se détacher des énergies fossiles tout en maintenant cette même quantité de consommation 1 Selon un article publié sur connaissances des énergies, "A fin 2020, les réserves de pétrole sont estimées dans le monde à environ 1 732 milliards de barils(1), soit l’équivalent d'environ 52 ans de production mondiale au rythme actuel (durée théorique car la production des gisements diminue au fil du temps).. Pour nous, il y a un réel risque de “black-out énergétique” qui impacterait une très grande majorité du monde, surtout pour les personnes les plus précaires. Sans ces énergies, les transports, la production alimentaire, l’accès à l’électricité ou encore la construction d’habitats, pour ne citer qu’une poignée d’exemples, sont compromis. Autrement dit, les piliers de nos civilisations actuelles seraient ébranlés.

Ensuite, l’autre maillon en difficulté dont dépend la survie de bon nombre de sociétés est le secteur agroalimentaire. Ce dernier dépend d’une quantité astronomique d’énergie de par la mécanisation et la mondialisation de l’industrie alimentaire. Ainsi, il est aisé de penser qu’un secteur dépendant d’autant de moyens matériels puisse être mis à mal en période de crise énergétique. D’autre part, les besoins alimentaires ne cessent d’augmenter au fur et à mesure que la population mondiale croît et que la distribution alimentaire devient toujours plus inégale. Pourtant, les conditions matérielles du secteur agroalimentaire ne font que se détériorer : appauvrissement des sols menant à une perte de rendement, augmentation de l’usage de produits chimiques coûteux, multiplication d’événements climatiques majeurs (sécheresse, inondation, tempête, etc.) ou encore la multiplication d’accidents comme on a pu le voir au Mexique avec l’effondrement de champs en mai 2021, menant à de grandes pertes pour les industries alimentaires. Ceci est sans parler des conflits et des guerres qui entraînent de lourdes conséquences quant à la production alimentaire des pays concernés 2 Selon le Fonds monétaire internationnal, "en 2021, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 23 %, mettant fin à plusieurs années de stabilité relative des prix. Cette augmentation s’explique en partie par des conditions météorologiques extrêmes qui ont nui aux récoltes et par la hausse des coûts de l’énergie. Puis l’invasion de l’Ukraine par la Russie a débuté fin février, faisant grimper les prix à un niveau record, en raison des perturbations affectant les flux de produits de base de deux des plus grands exportateurs mondiaux de blé et d’autres denrées de première nécessité"..

Comme évoqué plus haut, la situation environnementale est aussi critique. En effet, en 2024, les populations de vertébrés sauvages ont décliné de 73 % depuis 19703 Données issues du Rapport planète vivante de 2024 de WWF.. La biodiversité connaît un déclin majeur et inédit pour notre ère. Cette destruction dépend de nombreux facteurs tels que l’urbanisation incessante, la déforestation, la surexploitation des sols, la pollution ou encore le dérèglement climatique. En effet, en 2024, le réchauffement climatique mondial atteint 1,43 °C4 Données fournies par le site du gouvernement français en 2023. tandis que les rapports du GIEC annoncent qu’une fois la barre des +1,5 °C atteinte, la dégradation de la situation climatique ne fera que s’accélérer et causera des dommages irréversibles compromettant la vie de nombreuses personnes. Autant dire que l’atteinte de ce seuil est inévitable au vu du désintérêt des États à agir, et qu’elle a de grandes chances de se produire avant 2030. Ce dérèglement climatique ne se traduit pas seulement à travers le chamboulement des températures. En effet, de plus en plus de catastrophes naturelles se manifestent (inondations, séismes, incendies, canicules, ouragans, tempêtes, etc.) ; en cinquante ans, le nombre de catastrophes naturelles recensées a été multiplié par cinq5 Chiffre donné par l'Organisation Météorologique Mondiale.. D’autre part, le secteur de la santé est, dans de nombreux pays, en flux tendu. Sans même parler des pays les plus précarisés qui n’ont pas les moyens de mettre en place un système de santé viable, des pays riches comme la France réduisent de plus en plus les moyens dédiés à la santé des personnes n’appartenant pas à la classe sociale riche et extra-riche (ces derniers voient plutôt leur espérance de vie et leurs conditions de vie augmenter grâce aux études et recherches scientifiques privées menées par et pour l’élite)6 (source a venir). Qu’il s’agisse du manque d’effectifs, avec une baisse de 2 700 infirmiers et infirmières entre 2021 et 2022 selon la DREES, ou de matériel, les hôpitaux sont de plus en plus rapidement dépassés. Cela est sans parler des conséquences du dérèglement climatique et, plus largement, de l’activité humaine qui engendre la multiplication d’épidémies compliquant la tâche des hôpitaux. À cela s’ajoutent les limites de la médecine moderne, qui doit faire de plus en plus face à une augmentation de la résistance de certaines bactéries aux antibiotiques. Ainsi, de nombreux facteurs favorables à l’émergence de crises sanitaires s’accumulent dans nos sociétés.

Ainsi, le secteur de la santé est en danger alors même qu’il représente un élément essentiel à la vie des populations. C’est d’ailleurs pour cette raison que, lors d’une guerre, les hôpitaux ou autres structures de soins sont souvent pris pour cibles pour accélérer l’affaiblissement d’un pays ennemi. Par exemple, en mars 2024, l’ONU recense que “24 des 36 hôpitaux de la Bande de Gaza sont non fonctionnels, 2 sont peu fonctionnels et 10 sont partiellement fonctionnels” en raison des bombardements par l’État d’Israël.7 Rapport de l'ONU du 28 mars 2024.

La transition est toute trouvée pour évoquer le dernier des axes majeurs présentant de grands risques selon nous : la politique et la géopolitique mondiales. En effet, la multiplication et l’intensification des conflits et des menaces au sein ou entre les plus grandes puissances laissent à penser que de plus grandes guerres encore pourraient arriver rapidement. Si le grand nombre de conflits armés au sein de pays tels que la Syrie, le Soudan ou la République démocratique du Congo (pour n’en citer que quelques-uns) ne semble pas faire trembler la situation politique mondiale, le risque d’une troisième guerre mondiale, suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, a été, et est encore, considéré par beaucoup ; et ce, notamment avec la potentialité de l’usage de l’arme nucléaire. On peut aussi parler du génocide des Palestinien·nes orchestré par Israël et nié par des pays tels que la France et les États-Unis, qui le soutiennent malgré la difficulté à camoufler la réalité. Ou encore, plus récemment, les ambitions territoriales sans limites de Donald Trump, qui semble ne pas voir de problème à s’emparer du canal de Panama ou du Groenland, ou à faire du Canada le 51ᵉ État des États-Unis, et ce, par la force. En effet, bien que de tragiques conflits aient lieu actuellement dans des pays pauvres, faisant déjà des centaines de milliers de morts, ils sont totalement invisibilisés et isolés. Ce sont donc des conflits qui déstabilisent et affectent les pays puissants qui semblent avoir un impact à grande échelle et qui pourraient chambouler la situation mondiale actuelle.

Selon nous, l’incompatibilité d’intérêts de pays comme les États-Unis et la Chine, les velléités territoriales incessantes de la part de puissances comme la Russie ou encore la montée au pouvoir de multimilliardaires comme Elon Musk, Jeff Bezos, Bernard Arnault ou Mark Zuckerberg sont autant de facteurs inquiétants propices à l’éclatement de guerres aux répercussions mondiales et à l’émergence (ou au renforcement) d’États fascistes et destructeurs.

Voilà donc les principaux secteurs que nous prenons en compte lorsque nous parlons des risques et périls qui font partie de nos réflexions au Mallouestan. Qu’il s’agisse d’une crise énergétique, d’une rupture de la chaîne alimentaire mondiale, de catastrophes environnementales, d’un accès difficile aux soins ou encore de guerres bouleversant le contexte mondial, les facteurs de risque sont nombreux et difficiles à prédire dans leur entièreté. Pour autant, ils existent et méritent d’être pris au sérieux selon nous.

Nous ne prétendons pas avoir une idée précise de ce qui nous attend. Néanmoins, nous pensons qu’il est nécessaire d’y réfléchir et de mettre à profit les outils qui sont à notre portée (propres à nos conditions matérielles) pour minimiser l’impact de ces crises futures sur nous et ce qui nous entoure.

Au Mallouestan, nous défendons le projet d’un mode de vie alternatif et résilient. Cependant, nous ne pensons pas qu’il soit possible de rompre totalement avec le système8 Le système désigne les mécanismes de domination structurant les sociétés mondialisées, en particulier occidentales, c'est-à-dire les sociétés extractivistes, productivistes, coloniales et techno-industrielles et technocratiques. Il englobe également l’ensemble des dynamiques intriquées et interdépendantes nécessaires à sa reproduction., cela ne nous semble pas réalisable, notamment parce que la cohabitation avec lui est inévitable. En effet, même si nos conditions matérielles permettaient que l’on rompe totalement avec le système, le fait que nous vivions sur la même planète implique que les conséquences de l’existence des sociétés modernes nous touchent (par exemple, les dommages environnementaux). En partant de ce constat, nous sommes contraint·es d’anticiper les risques qui découlent de ce système.

En effet, l’ensemble des risques auxquels nous réfléchissons est dû aux nuisances des sociétés actuelles. Or, nous cherchons à développer un modèle résilient et moins destructeur, il est donc important que nous comprenions les dysfonctionnements de celles-ci. La compréhension de ces problèmes, allant de leurs causes à leurs conséquences, nous aide à questionner un grand nombre d’éléments présents dans nos quotidiens modernes et à les déconstruire. Nous pouvons alors plus facilement faire évoluer nos façons de vivre pour gagner en résilience et éviter de reproduire des comportements ou fonctionnements délétères.

Aussi, dans notre optique de solidarité, ce gain de résilience et ce mode de vie plus viable accroissent nos capacités à venir en aide à d’autres personnes.

Comment agir sur ces risques et périls ?

Tout d’abord, nous ne prétendons pas disposer des moyens suffisants pour apporter une aide significative à grande échelle. Notre capacité à appréhender et traverser ces risques est définie par nos conditions matérielles qui, dans l’état actuel des choses, ne nous permettent pas d’agir à un grand niveau. Il nous est donc important de préciser que nous considérons ces risques à travers trois échelles différentes.

La première échelle est la plus proximale, c’est-à-dire celle qui aborde les risques impactant directement la vie des personnes (humaines et non humaines) du lieu. La seconde concerne les risques qui impactent ce qui est aux abords du lieu. Et la dernière englobe les risques qui concernent le monde au sens large.

L’ordre de ces échelles est défini par la réalité des conditions matérielles du lieu. Pour autant, nous ne nous inscrivons pas dans une démarche individualiste et développons le plus possible un contexte qui favorise notre capacité d’aider à l’extérieur du Mallouestan.

Selon nous, nous rendre aptes à anticiper et gérer des risques repose sur trois points majeurs.

Le premier est notre compréhension des écosystèmes qui nous entourent. En étudiant l’environnement dans lequel nous évoluons, nous acquérons des connaissances nous permettant de comprendre les enjeux écologiques locaux. En effet, collecter des informations sur les végétaux qui peuplent le lieu dans lequel on vit, observer l’état de santé des arbres, en discerner les différentes essences, répertorier les espèces non humaines vivant ou côtoyant le lieu sont autant d’éléments qui nous offrent des outils de lecture sur les changements de notre environnement, quelles qu’en soient les causes.

Cette capacité d’observation et de compréhension dépend, selon nous, d’un mode de vie dépourvu de superficialité et de confort moderne. Il nous semble nécessaire d’évoluer dans une réalité qui s’implante pleinement dans la nature. Vivre dans la nature pour mieux la connaître.

De cette connaissance et vigilance, nous pouvons alors mieux orienter nos pratiques et nos décisions. En effet, adopter des pratiques compatibles avec les besoins et les réalités du lieu que l’on habite est essentiel pour éviter les dynamiques hors-sol et destructrices.

Par exemple, lorsque nous sommes amené·es à tailler une haie pour récupérer le bois qui nous chauffe, plusieurs questions se posent. D’abord, celle des outils. Au Mallouestan, nous avons supprimé toute utilisation d’outils thermiques, notamment pour les dégâts que ces outils occasionnent sur la faune et la flore sauvages et la quantité de ressources que nécessite leur usage. L’utilisation d’une tronçonneuse est donc écartée.

Ensuite, celle des arbres concernés. Nous prenons notamment en compte l’essence de l’arbre. Ainsi, nous devons faire un arbitrage en fonction de sa rareté, de sa vitesse de pousse ou encore de ses besoins pour se développer. Aussi, nous prêtons attention à l’usage que la faune sauvage en a. Il nous est important de ne pas confisquer toute source de refuge ou de zone de repos aux animaux non humains vivant autour. Notamment, en la présence d’un nid, même hors de la période de nidification, nous éviterons de couper ou de tailler l’arbre.

De plus, en fonction des informations collectées grâce à l’attention portée à ce qui nous entoure, nous pouvons mettre en place des actions pour favoriser l’épanouissement d’écosystèmes diversifiés. Par exemple, semer des plantes pollinisatrices, constituer des zones très buissonnantes ou des bosquets pour maintenir la fraîcheur et protéger du vent, laisser des espaces en jachère afin de permettre la reconstitution des sols ou encore aménager des points d’eau pour pallier les pics de chaleur.

Ainsi, avec ces connaissances, nous pouvons réduire et prévenir l’impact d’événements climatiques sur le lieu mais aussi sur ses alentours (la diversité des écosystèmes pourrait agir au-delà des “frontières” du lieu, des individus sauvages menacés pourraient plus facilement trouver refuge, etc.). Ensuite, l’autonomisation du groupe est la deuxième clé de voûte pour la prise en compte et l’anticipation des risques ainsi que pour notre capacité à aider au-delà du lieu. En effet, bien que l’indépendance totale vis-à-vis du système ne nous semble pas réaliste, nous pouvons tout de même réduire l’impact qu’il a sur nous.

Pour ce faire, nous avons dû, et devons encore, questionner l’entièreté de notre quotidien afin d’en déconstruire ce qui renforce notre non-autonomie vis-à-vis du système. Ce procédé nous a mené·es à réduire la complexité de ce qui nous entoure. En effet, bon nombre de choses que nous faisons au quotidien dépendent de produits de consommation qui prétendent nous simplifier la vie alors qu’ils nous rendent surtout plus aliéné·es (la voiture, les smartphones ou ordinateurs, la machine à laver, l’alimentation issue du commerce ou encore la télévision, pour ne citer que quelques exemples).

Nous ne savons alors plus vivre sans toutes ces choses qui dépendent d’un système condamné à de multiples crises compromettant notre accès à ces éléments que nous prenons pour acquis. Nous avons alors réfléchi à comment nous alimenter de façon autonome, comment réduire notre consommation électrique à l’essentiel et comment se la fournir, ou encore comment gérer notre consommation et notre approvisionnement en eau.

Aussi, atteindre un mode de vie qui nécessite très peu d’argent a été l’une de nos priorités afin d’être le moins possible intriqué·es au système et à ses logiques économiques. Dépenser moins, cela veut dire ne plus accéder à certains produits du système. Or, ce dernier propose une solution pour toute tâche ou tout travail du quotidien.

L’autonomisation réside donc également dans le fait d’acquérir des compétences nécessaires à notre quotidien. Par exemple, la construction d’abris, la confection d’objets à partir de matières premières locales (vannerie, poterie, menuiserie, etc.) ou encore l’usage d’outils faciles à acquérir et à fabriquer.

Enfin, garder un accès aux informations liées à l’état du monde, même si elles dépendent d’Internet et d’imprimeries, est nécessaire pour anticiper les risques, surtout ceux liés aux tensions politiques et géopolitiques mondiales. Cela n’est pas chose évidente du fait de la corruption d’un grand nombre de médias.

Nous tentons de diversifier au mieux nos sources en choisissant divers supports (articles numériques, podcasts, journaux, revues…). En effet, les dommages causés par le système peuvent rapidement nous impacter et impacter les plus vulnérables. Il est donc important de nous garder informé·es de ce qui se passe, même loin du lieu.

Aussi, comme nous avons pu le voir à travers les différents secteurs en tension dans le système, l’intrication des crises est certaine. Avoir connaissance des crises enclenchées peut donner des informations cruciales sur les risques les plus probables à venir.

Voici quelques exemples de choses mises en place au Mallouestan en vue d’anticiper et de prendre en considération les risques à venir.

Sur le plan énergétique, nous avons réduit notre consommation électrique au seul éclairage du bâtiment commun et à la recharge limitée des téléphones. Nous sommes déconnecté·es du réseau et générons cette faible quantité d’électricité grâce à deux petits panneaux solaires. Nous nous chauffons au bois et gérons la chaîne du bois, de la coupe au stockage en passant par le fendage.

Sur le plan alimentaire, nous travaillons sur notre autonomisation via la pratique du maraîchage et la cueillette de plantes sauvages.

Concernant notre environnement, nous avons planté plus de 800 arbres depuis 2020 avec une diversité d’essences. Nous avons commencé un registre des espèces d’oiseaux présentes sur le lieu et ses abords. Nous avons laissé un grand champ en jachère pour la reconstitution du sol et le développement d’arbres spontanés et de plantes bio-indicatrices.

Sur le plan de la santé, nous avons interdit la consommation de produits toxiques tels que les produits ultra-transformés (dans les espaces communs), ainsi que le tabac, l’alcool et la drogue sur le lieu. Nous avons mis en place des routines et une sensibilisation visant à minimiser l’usure physique due à une méconnaissance et une non-considération des besoins du corps (échauffements, étirements, bonne hydratation…). Ainsi, nous souhaitons réduire les risques de développer des problèmes de santé qui pourraient être évités grâce à une bonne hygiène de vie.

Enfin, nous entretenons un contexte favorable aux discussions et débats au sein du lieu afin d’encourager le regard critique, l’autocritique et la remise en question (peu présents dans la société actuelle selon nous). Nous organisons notamment des Universités d’été à cet égard. Nous empruntons régulièrement diverses revues en médiathèque sur des sujets variés afin d’enrichir nos sources d’information et de rester connecté·es aux actualités.

Conclusion

L’imminence des risques et des périls est évidente, mais il n’en est pas moins difficile de savoir comment ils vont réellement se traduire. Au vu des multiples secteurs à risque, il est nécessaire, selon nous, de tout mettre en œuvre pour nous prémunir de ces risques. Cela passe par la déconstruction de notre quotidien et l’émancipation à l’égard du confort moderne, qui nous rend toujours plus dépendant·es du système, ainsi que de tendre vers un mode de vie moins destructeur. Aussi, cette prise en compte des risques nous semble indispensable afin que le lieu continue d’exister et puisse venir en aide aux personnes dans le besoin, à la hauteur de nos conditions matérielles.

1 Selon un article publié sur connaissances des énergies, “A fin 2020, les réserves de pétrole sont estimées dans le monde à environ 1 732 milliards de barils(1), soit l’équivalent d’environ 52 ans de production mondiale au rythme actuel (durée théorique car la production des gisements diminue au fil du temps).

2 Selon le Fonds monétaire internationnal, “en 2021, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 23 %, mettant fin à plusieurs années de stabilité relative des prix. Cette augmentation s’explique en partie par des conditions météorologiques extrêmes qui ont nui aux récoltes et par la hausse des coûts de l’énergie. Puis l’invasion de l’Ukraine par la Russie a débuté fin février, faisant grimper les prix à un niveau record, en raison des perturbations affectant les flux de produits de base de deux des plus grands exportateurs mondiaux de blé et d’autres denrées de première nécessité”.

3 Données issues du Rapport planète vivante de 2024 de WWF.

4 Données fournies par le site du gouvernement français en 2023.

5 Chiffre donné par l’Organisation Météorologique Mondiale.

6 (source a venir).

7 Rapport de l’ONU du 28 mars 2024.

8 Le système désigne les mécanismes de domination structurant les sociétés mondialisées, en particulier occidentales, c’est-à-dire les sociétés extractivistes, productivistes, coloniales et techno-industrielles et technocratiques. Il englobe également l’ensemble des dynamiques intriquées et interdépendantes nécessaires à sa reproduction.

Notes